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Heart and Coeur remercie chaleureusement le Pr Christian Chidiac
Président du Bureau des Consensus et des recommandations de la SPILF pour son aimable autorisation.
Prophylaxie de l’endocardite infectieuse recommandations 2002
Prophylaxie de l’Endocardite Infectieuse – Recommandations 2002
Révision de la conférence de consensus de mars 1992
Sous l’égide de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF)avec la collaboration de la Société Française de Cardiologie (SFC)
et la participation de :
• l’Association Dentaire Française,
• l’Association pour l’Étude et la Prévention de l’Endocardite Infectieuse,
• l’Association des Épidémiologistes de Langue Française,
• l’Association Pédagogique Nationale pour l’Enseignement de la Thérapeutique,
• la Fédération Française de Cardiologie,
• la Société de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire,
• la Société Française de Microbiologie,
• la Société Française de Parodontologie et d’Implantologie Orale,
• la Société de Stomatologie, de Chirurgie Maxillo-faciale et Chirurgie Plastique de la Face
• l’Association Française d'Urologie,
• la Société Francophone de Médecine Buccale et de Chirurgie Buccale,
• la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie,
• la Société Nationale Française de Médecine Interne,
• l’UNAFORMEC.
et avec le concours
de l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES)
et pour leur participation au groupe de lecture :
• le Collège National des Généralistes Enseignants,
• la Société de Formation Thérapeutique du Généraliste,
• la Société Française de Médecine Générale.
Introduction
L’endocardite infectieuse (EI) est une maladie rare mais grave dont l’incidence semble stable au cours des dernières décennies. Les streptocoques en sont les agents infectieux les plus souvent responsables.L’incidence de l’endocardite infectieuse est estimée à partir d’enquêtes transversales épidémiologiques ; elle se situerait en France aux environs de 25 à 30 cas par million d’habitants et par an (environ 1500 cas annuels). Le profil des patients atteints d'endocardite infectieuse évolue : proportion croissante de sujets âgés, diminution des endocardites à streptocoques oraux. Actuellement, la chirurgie valvulaire est réalisée dans environ un cas sur deux pour traiter l’endocardite. La mortalité de l'endocardite reste malgré cela élevée, entre 15 % et 25 %.
Depuis 1992, date à laquelle s’est tenue la conférence française de consensus sur la prophylaxie de l’endocardite infectieuse, de nouvelles données ont été publiées, nécessitant une mise à jour de ses conclusions. Ces nouvelles données font apparaître les points suivants :
- l'endocardite reste une maladie grave
- les bactériémies à risque d’induire une endocardite infectieuse sont probablement plus le fait d’un passage quotidien des bactéries de la cavité buccale dans le sang que de gestes buccodentaires occasionnels
- il n’existe pas de preuve scientifique de l’efficacité ou de l’inefficacité de l’antibioprophylaxie
- en France, l'antibioprophylaxie n'est actuellement pratiquée, avant des gestes buccodentaires chez des valvulaires à risque, que dans moins d’un cas sur deux
- l'utilisation large de l'antibioprophylaxie, à supposer que celle-ci soit totalement efficace, n'éviterait qu'un nombre très faible d'endocardites en France.
- on constate en France une augmentation préoccupante du nombre de bactéries de moindre sensibilité aux antibiotiques
En conséquence, le groupe de travail suggère :
- de maintenir le principe de l’antibioprophylaxie lors de la réalisation de gestes à risque chez des patients ayant une cardiopathie à risque, mais
- d’en réduire les indications aux situations où le rapport bénéfice individuel / risque individuel et collectif est le plus élevé.
Les recommandations du groupe de travail ne se substituent pas à l’appréciation, par le praticien, du risque individuel d'un sujet donné.
Recommandation 1 : définition des groupes à risque
Deux groupes de patients doivent être distingués : Groupe A, dit "à haut risque", où l'incidence et la morbi-mortalité de l'endocardite infectieuse sont élevées et Groupe B, où le risque est moins élevé (incidence et gravité moindres).
Tableau 1 : Cardiopathies à risque d’endocardite infectieuse
Groupe A : Cardiopathies à haut risque
Groupe B : Cardiopathies à risque moins élevé
· Prothèses valvulaires (mécaniques, homogreffes ou bioprothèses)
· Cardiopathies congénitales cyanogènes non opérées et dérivations chirurgicales (pulmonaire-systémique)
· Antécédents d'endocardite infectieuse
· Valvulopathies : IA, IM, RA*,
· PVM* avec IM et/ou épaississement valvulaire
· Bicuspidie aortique
· Cardiopathies congénitales non cyanogènes sauf CIA*
· Cardiomyopathie hypertrophique obstructive (avec souffle à l’auscultation)
*IA : insuffisance aortique; IM : insuffisance mitrale; RA : rétrécissement aortique; PVM: prolapsus de la valve mitrale; CIA : communication inter-auriculaire (cardiopathie non à risque)
En dehors des groupes A et B, il y a des situations cardiaques où il n’existe pas de risque majoré de survenue d’endocardite infectieuse par rapport à la population générale. Il faut citer, entre autres les situations suivantes : communication inter-auriculaire, pace-makers (le risque d'endocardite est essentiellement lié à la pose du stimulateur qui nécessite le recours à une antibioprophylaxie), angioplastie coronaire avec ou sans mise en place d’endoprothèse, cardiomyopathie dilatée sans insuffisance mitrale significative, rétrécissement mitral pur, régurgitation valvulaire minime uniquement détectée en échographie doppler.
Recommandation 2 : importance des mesures d'hygiène
Les mesures générales d’hygiène sont prioritaires. Elles visent à réduire le risque de survenue de bactériémies, quelle qu’en soit l'origine, en particulier pour les bactériémies impliquant des bactéries à tropisme cardiaque. Elles comportent la prévention et la lutte contre tous les foyers infectieux de l’organisme : hygiène buccodentaire et cutanée rigoureuse et continue pour éviter toute rupture des barrières cutanéo-muqueuses, désinfection des plaies, antibiothérapie curative de tout foyer infectieux, suivi rigoureux des mesures d’asepsie lors de la réalisation de manœuvres à risque infectieux, éradication ou diminution de la densité bactérienne en cas de portage chronique cutané (dialysé rénal …), urinaire … dans la mesure du possible. Une surveillance systématique de l’état buccodentaire doit être effectuée au minimum deux fois par an chez les patients ayant une cardiopathie .
Tout geste entraînant une effraction des muqueuses et/ou de la peau doit être évité. Ainsi, la pratique du piercing est formellement déconseillée chez les patients ayant une cardiopathie à risque. L’acupuncture ne doit être réalisée qu’en connaissant le risque possible de survenue d’endocardite infectieuse et en effectuant une surveillance clinique appropriée après le geste. L’utilisation de cathéters de perfusion doit être limitée aux situations où elle est indispensable, en particulier chez les sujets à risque. En cas de nécessité, elle doit se faire conformément à des procédures qui recommandent un remplacement systématique du cathéter périphérique tous les trois à quatre jours, l’utilisation préférentielle des cathéters périphériques au détriment des cathéters centraux, et une surveillance rigoureuse de la survenue de signes d’inflammation au point de perfusion.
Recommandation 3 : gestes bucco-dentaires
Chez les patients des groupes A et B, l’utilisation d’antiseptiques locaux
à base de chlorhexidine sous forme d’un bain de bouche de 30 secondes qui précède le geste dentaire,etla pratique des soins bucco-dentaires en un minimum de séances sont recommandés. Si les soins nécessitent plusieurs séances, ils doivent être si possible espacés d’au moins 10 jours, si le praticien a recours à une antibioprophylaxie.
Indications de l’antibioprophylaxie par voie systémique (Tableau 2, Annexes 1 et 2) :
- Chez les patients du groupe A,
L’utilisation de l’antibioprophylaxie selon les modalités définies ci-après est recommandée pour les actes bucco-dentaires invasifs non contre indiqués.
Certains gestes sont contre-indiqués ou formellement déconseillés : prothèses sur dents à dépulper, pose d'implants et chirurgie parodontale.
Les pulpopathies, les parodontopathies et les traumatismes nécessitent l’extraction. Les soins endodontiques chez les patients du groupe A doivent être exceptionnels. Ils ne peuvent être réalisés qu’après vérification de la vitalité de la dent par les tests adéquats, sous digue, en une seule séance, en étant sûr que la totalité de la lumière canalaire soit accessible. Ce traitement doit donc être réservé aux dents monoradiculées, et à la rigueur à la première prémolaire si les deux canaux sont accessibles. La séparation des racines est un acte à éviter autant que possible et n’est autorisé qu’en l’absence de toute atteinte parodontale.
-
Chez les patients du Groupe B,
L'antibioprophylaxie est optionnelle.
Le choix de sa réalisation est laissé au jugement des cliniciens en charge du patient, en tenant compte en particulier de la nature de l’acte réalisé et de l’état du patient. Des facteurs orientant ce choix sont listés dans le Tableau 3 . Quel que soit le choix retenu, il doit s’accompagner d’une information préalable du patient et de son adhésion à la stratégie proposée. Il doit figurer sur un carnet de suivi remis à chaque patient. Ce dernier doit en effet savoir qu’en cas de fièvre ou de symptômes, en particulier dans le mois suivant le geste dentaire, il doit consulter un médecin le plus rapidement possible et avant toute prise médicamenteuse, et l’informer de la réalisation du geste dentaire afin que les hémocultures puissent être réalisées le cas échéant avant toute antibiothérapie (Figure 1). Il s’agit là d’une démarche d’éducation du patient au même titre que les conseils d’hygiène générale et en particulier bucco dentaire qui lui sont prodigués.
Les traitements radiculaires peuvent être entrepris à trois conditions : s’ils sont réalisés sous champ opératoire étanche (digue), si la totalité de l’endodonte est aisément accessible, et s’ils sont réalisés en une seule séance. Si ces trois conditions ne sont pas remplies, l’extraction est recommandée. La pose d’implants, la chirurgie parodontale et certains autres gestes (annexe 2) sont contre indiqués.
- Pour les autres situations cardiaques
,
l’antibioprophylaxie n’est pas recommandée
En dehors de l’urgence, avant chirurgie valvulaire,
l’antibioprophylaxie est indiquée comme pour les patients du groupe A ; un bilan d’imagerie dentaire complet doit être réalisé ; seules sont conservées les dents pulpées ou présentant un traitement endodontique parfait, sans élargissement desmodontal, remontant à plus d’un an, et au parodonte sain. Les dents dépulpées dont le traitement endodontique est incomplet, les dents présentant des lésions parodontales, les racines et apex persistants sont extraits au moins 15 jours avant l’intervention cardiaque. En cas de chirurgie réalisée dans l’urgence, les soins bucco-dentaires sont réalisés dès que possible en fonction du contexte.
Tableau 2 : Schéma des indications de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse chez les patients ayant un geste bucco-dentaire, en fonction du groupe de cardiopathie à risque
Antibioprophylaxie
Groupe A
Cardiopathie à haut risque d’endocardite infectieuse
Groupe B
Cardiopathie à risque moins élevé d’endocardite infectieuse
Geste bucco-dentaire à risque
recommandée
optionnelle
Geste bucco-dentaire non à risque
non
recommandée
Les indications en fonction des différents types de gestes sont détaillées en annexe 2.
Tableau 3 : Facteurs orientant le choix dans les situations où l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse est optionnelle
Immuno-dépression acquise, constitutionnelle ou thérapeutique (corticoïdes, immunosuppresseurs…)
Etat buccodentaire
hygiène buccodentaire défectueuse notamment
Gestes
Saignement important (intensité, durée)
Geste techniquement difficile (durée prolongée de l’acte…)
Souhait du patient après information
Arguments en faveur de l’abstention
Allergie à de multiples antibiotiques
Souhait du patient après information
* Cette recommandation concerne tout patient ayant une fièvre ou tout autre symptôme aigu, et une cardiopathie à risque ; elle est spécifiquement rappelée ici, pour attirer l’attention du patient et du médecin, au cas où il n’y aurait pas eu d’antibioprophylaxie avant un geste à risque.
Recommandation 4 : gestes à risque autres que bucco-dentaires
Les recommandations reposent sur un accord professionnel, en l’absence de données scientifiques et ne se substituent pas au jugement du clinicien qui réalise le geste (Tableau 4). Ces recommandations ne remettent pas en question celles concernant l’antibioprophylaxie pré-opératoire des gestes chirurgicaux.
Tableau 4 : Schéma des indications de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse chez les patients ayant des gestes autres que buccodentaires, en fonction du groupe de cardiopathie à risque
Antibioprophylaxie
Groupe A
Cardiopathies à haut risque d’endocardite infectieuse
Groupe B
Cardiopathies à risque moins élevé d’endocardite infectieuse
Gestes à risque très élevé
recommandée
Gestes à risque élevé
recommandée
optionnelle
Gestes à risque moindre
optionnelle
non
recommandée
Gestes à risque négligeable
non
recommandée
Les indications en fonction des différents types de gestes sont détaillées en annexe 3.
Les risques associés à la sclérothérapie et à la dilatation oesophagienne semblent élevés, si bien que le groupe de travail a recommandé l’antibioprohylaxie systématique pour les cardiopathies des groupes A et B. Pour toute une série d’autres gestes (annexe 3) associés à un risque élevé d’endocardite infectieuse, il est proposé le même schéma d’indication que pour les gestes bucco-dentaires : antibioprophylaxie recommandée pour le groupe A, optionnelle pour le groupe B. Certains gestes qui semblent à risque moindre ne font l’objet que d’une proposition d’antibioprophylaxie optionnelle pour le groupe A (annexe 2). Les facteurs de choix figurant au Tableau 3 peuvent, comme pour les gestes bucco-dentaires, aider à la décision.
Pour les autres situations cardiaques, l’antibioprophylaxie n’est pas recommandée.
Recommandation 5 : modalités d'antibioprophylaxie
Le groupe de travail considère que l’évolution de l’épidémiologie de l’endocardite infectieuse en France est un argument pour ne pas modifier les modalités d’administration de l’antibioprophylaxie
Modalités générales de l'antibioprophylaxie
D’une manière générale, l’antibioprophylaxie, quand elle se justifie, est débutée dans l’heure précédant le geste selon les modalités définies ci-après. La dose de 3 g d’amoxicilline, recommandée par la conférence de 1992, a été reconduite ; toutefois, elle peut être modulée en 2 g dans certaines circonstances, par exemple, poids inférieur à 60 kg ou intolérance préalable à la dose de 3 g. Cependant, si des difficultés faisant craindre la survenue d’un risque infectieux particulier surviennent au cours ou au décours immédiat de la réalisation d'un geste n'ayant pas été précédé d'une antibioprophylaxie (saignement abondant, procédures longues et difficiles…), il peut être indiqué de débuter une antibioprophylaxie, dès que possible dans l’heure qui suit le geste. Cette décision est laissée au jugement du praticien qui réalise le geste.
Les modalités de l’antibioprophylaxie ne s’appliquent pas aux cas où une antibiothérapie curative est indiquée.
Tableau 5 :Antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse lors de SOINS DENTAIRES et d'actes portant sur les VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES – SOINS AMBULATOIRES
Produit
Posologie et voie d'administration
Prise unique dans l'heure précédant le geste
Pas d'allergie aux bêta-lactamines
Amoxicilline
3g per os *
Allergie aux bêta-lactamines
Pristinamycine
ou**
clindamycine
1g per os
600 mg per os
* 2 gper os si poids du sujet < 60 kg ou intolérance préalable.
** Le pourcentage respectif de souches de streptocoques de sensibilité diminuée à ces deux antibiotiques doit être pris en considération dans le choix.
Administration des antibiotiques dans le respect des contre-indications et des conditions habituelles d’utilisation et de surveillance.
Il est recommandé d’espacer les soins dentaires d’au minimum 10 jours s’ils font l’objet d’une antibioprophylaxie.
Tableau 6 : Antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse lors de SOINS DENTAIRES
et d'actes portant sur les VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES – ANESTHÉSIE GÉNÉRALE
Produit
Posologie et voie d'administration
Avant
(dans l'heure précédant le geste)
Après
(6h plus tard)
Pas d'allergie aux
bêta-lactamines
Amoxicilline
2g IV (perfusion 30 min)
1g per os
Allergie aux
bêta-lactamines
Vancomycine
ou
teicoplanine
1g IV (perfusion ³ 60 min)
400 mg IV (directe)
pas de 2e dose
Posologies pédiatriques : amoxicilline 50 mg kg-1 IV avant, 25 mg kg-1 per os 6 h plus tard; vancomycine 20 mg kg-1 (maximum 1 g) ; teicoplanine : pas d'A.M.M. chez l'enfant en antibioprophylaxie
IV : intraveineux
Administration des antibiotiques dans le respect des contre indications et des conditions habituelles d’utilisation et de surveillance.
Tableau 7 : Antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse lors d'INTERVENTIONS UROLOGIQUES ET DIGESTIVES
Produit
Posologie et voie d'administration
Avant
(dans l'heure précédant le geste)
Après
(6h plus tard)
Pas d'allergie aux
bêta-lactamines
Amoxicilline
puis gentamicine
2g IV (perfusion 30 min)
1.5 mg kg-1 IV (perfusion 30 min)
ou IM
1g per os
pas de 2e dose
Allergie aux
bêta-lactamines
Vancomycine
ou teicoplanine
puis
gentamicine
1g IV (perfusion ³ 60 min)
400 mg IV (directe)
1.5 mg kg-1 IV (perfusion 30 min)
ou IM
pas de 2e dose
Posologies pédiatriques : amoxicilline 50 mg kg-1 IV avant, 25 mg kg-1 per os 6 h plus tard ; gentamicine 2 mg kg-1 (maximum 80 mg) ; vancomycine 20 mg kg-1 (maximum 1 g) ; teicoplanine : pas d'A.M.M. chez l'enfant en antibioprophylaxie
IM : intramusculaire, IV : intraveineux
Administration des antibiotiques dans le respect des contre-indications et des conditions habituelles d’utilisation et de surveillance.
Dans les autres situations où l’antibioprophylaxie concerne un geste où la bactérie impliquée est un staphylocoque, l’antibiotique utilisé devra être la pristinamycine en l’absence de contre-indication.
Propositions
Afin d’assurer le dépistage, le suivi et l’information des patients ayant une cardiopathie à risque, le groupe de travail fait les propositions suivantes (Tableau 8) :
- Avant la réalisation d’un geste à risque, l’interrogatoire du patient doit rechercher l’existence d’une cardiopathie à risque. En cas de doute chez un patient sans suivi cardiologique (notion d’un souffle cardiaque par exemple), une échocardiographie est recommandée avant la réalisation du geste afin de déterminer l’existence éventuelle d’une cardiopathie à risque.
- Le compte rendu d’échocardiographie-Doppler doit décrire de façon précise les anomalies morphologiques éventuellement observées et en préciser le caractère pathologique ou non. En présence d’anomalies valvulaires, il doit préciser leur importance et leur retentissement. La conclusion du compte rendu doit, le cas échéant, indiquer la présence d’une cardiopathie à risque d’endocardite infectieuse ainsi que sa catégorie telle que définie dans les recommandations (groupe A ou B).
- un suivi systématique et méthodique des patients ayant une cardiopathie et subissant des gestes à risque doit être réalisé à l’aide d’un carnet de suivi individuel. Cette surveillance devrait concerner l’ensemble des patients des Groupes A et B. Ce suivi systématique permettrait de diagnostiquer, et par conséquent de traiter précocement une éventuelle endocardite infectieuse quelle qu’en soit l’origine (conséquence de bactériémies quotidiennes ou des gestes pratiqués). Ce carnet de suivi devrait mentionner le groupe A ou B du patient, l’existence d’une allergie aux b lactamines, les gestes à risque éventuellement effectués et la date de leur réalisation, le recours éventuel à une antibioprophylaxie et son type, les événements infectieux.
Enfin, il paraît souhaitable d'évaluer la validité des nouvelles recommandations et leurs répercussions sur l’épidémiologie de l’endocardite infectieuse par tous les moyens appropriés et notamment la mise en place de registres longitudinaux chez les patients ayant des cardiopathies à risque, ainsi que de registres portant sur les gestes et situations à risque chez les malades ayant une endocardite déclarée. Une nouvelle enquête épidémiologique, analogue à celles de 1991 et 1999, devrait également être prévue dans un délai de 5 à 10 ans.
Tableau 8 : Propositions pour l’évaluation et la diffusion des recommandations
1- Identification du niveau de risque d’une valvulopathie (mention groupe A ou B ) sur :
-> compte-rendu d’échographie
-> dossier clinique
-> carte de prévention de l’endocardite infectieuse
2- Carnet de santé de cardiopathie pour les patients ayant une cardiopathie à risque A et B
3- Mise en place d’une cohorte de patients ayant une cardiopathie subissant des gestes dentaires
4- Registre colligeant gestes à risque et antibioprophylaxie précédant l’endocardite infectieuse
Annexe 1
Lexique des termes dentaires spécifiques
Amputation radiculaire
: intervention qui consiste à extraire une racine non conservable d’une dent pluriradiculée de manière à pouvoir maintenir celle-ci sur l’arcade.
Anesthésie intra-ligamentaire : technique visant à injecter quelques gouttes d’anesthésique local dans le ligament alvéolo-dentaire.
Desmodonte : voir ligament alvéolo-dentaire dans le paragraphe alvéole.
Digue : feuille de latex placée au collet d’une ou plusieurs dents de façon à les isoler de la salive et de la flore microbienne buccale. Elle est maintenue en place à l’aide de crampons. La digue constitue donc un champ opératoire étanche.
Endodonte : partie de l’organe dentaire constitué de la chambre pulpaire et des canaux radiculaires (d’où le terme endocanalaire).
Freinectomie : excision dans sa totalité d’un frein ou attache musculaire membraneuse (frein lingual, frein labial supérieur ou inférieur…).
Germectomie : intervention chirurgicale visant à extraire un germe dentaire, c’est à dire l’ébauche de l’organe dentaire, plus ou moins évolué encore inclus dans le maxillaire dans un but principalement orthodontique. Cette intervention concerne généralement mais pas uniquement les germes de dents de sagesse.
Irritation sub-gingivale : instillation d’un antiseptique liquide à l’intérieur du sillon gingivo-dentaire.
Réimplantation dentaire : repositionnement à l’intérieur de son alvéole d’une dent luxée accidentellement. Une contention transitoire permet ensuite son maintien en place.
Séparation radiculaire : intervention visant à dissocier les racines d’une dent pluriradiculée afin de faciliter son extraction.
Sondage parodontal : action de mesurer à l’aide d’un instrument effilé gradué à pointe mousse la profondeur d’une poche parondontale.
Surfaçage :polissage instrumental de la surface radiculaire des dents. Il est complémentaire du détartrage.
Transplantation dentaire : greffe autogène d’une dent de son alvéole à un autre alvéole désaffecté.
Annexe 2
Indications d’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse concernant les gestes de la sphère bucco-dentaire en fonction du groupe de cardiopathie à risque :
2-1 Actes bucco-dentaires contre-indiqués (cardiopathies groupes A et B)
Anesthésie locale intraligamentaire
Soins endodontiques :
· Traitement des dents à pulpe non vivante, y compris la reprise de traitement canalaire
Actes chirurgicaux :
· Amputation radiculaire
· Transplantation/Réimplantation
· Chirurgie périapicale
· Chirurgie parodontale
· Chirurgie implantaire
· Mise en place de matériaux de comblement
Orthopédie dento-faciale :
· Chirurgie préorthodontique des dents incluses ou enclavées
2-2 Actes bucco-dentaires invasifs
Antibioprophylaxie
Mise en place d’une digue
Soins parodontaux non chirurgicaux :
· Détartrage avec et sans surfaçage
· Sondage
Soins endodontiques :
· Traitement des dents à pulpe vivante*
Soins prothétiques à risque de saignement
Actes chirurgicaux :
· Avulsions dentaires :
- Dent saine
- Alvéolectomie
- Séparation des racines**
- Dent incluse ou en désinclusion
- Germectomie
· Freinectomie
· Biopsies des glandes salivaires accessoires
· Chirurgie osseuse
Orthopédie dento-faciale
Mise en place de bagues
Groupe A
Recommandée
Groupe B
Optionnelle
2-3 Actes bucco-dentaires non invasifs
(sans risque de saignement important)
Antibioprophylaxie
Actes de prévention :
· Application de fluor
· Scellement de sillons
Soins conservateurs (restauration coronaire)
Soins prothétiques non sanglants :
· Prise d’empreinte
Ablation post-opératoire de sutures
Pose de prothèses amovibles orthodontiques
Pose ou ajustement d’appareils orthodontiques
Prise de radiographie dentaire
Anesthésie locale non intraligamentaire
Non recommandée
2-4 En cas d’infection
Antibioprophylaxie non adaptée, Antibiothérapie curative nécessaire
Recommandations établies par accord professionnel
* Les soins endodontiques chez les patients du groupe A doivent être exceptionnels. Ils ne peuvent être réalisés qu’après vérification de la vitalité de la dent par les tests adéquats, sous digue, en une seule séance, en étant sûr que la totalité de la lumière canalaire soit accessible. Ce traitement doit donc être réservé aux dents monoradiculées, et à la rigueur à la première prémolaire si les deux canaux sont accessibles.
** La séparation des racines est un acte à éviter autant que possible et n’est autorisé qu’en l’absence de toute atteinte parodontale.
Annexe 3
Indications d’
antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse des gestes autres que buccodentaires en fonction du groupe de cardiopathie à risque du patient
3.1 Gestes concernant la sphère ORL
Antibioprophylaxie
Groupe A
Groupe B
Amygdalectomie et adénoïdectomie
Chirurgie endoscopique de sinusite chronique
Bronchoscopie rigide
Recommandée Optionnelle
Bronchoscopie souple
Optionnelle Non recommandée
Intubation naso ou oro–trachéale *
Aspiration naso-trachéale
Masque laryngé
Dilatation percutanée de trachéostomie
Non recommandée
*sauf en cas d’intubation difficile et/ou traumatique, groupe A
Ces recommandations ne remettent pas en questions celles concernant l’antibioprophylaxie pré-opératoire des gestes chirurgicaux
3.2
Gestes concernant la sphère digestive
Antibioprophylaxie
Groupe A
Groupe B
Dilatation oesophagienne
Sclérothérapie*
Recommandée
Cholangiographie rétrograde et sphinctérotomie
Recommandée si obstacle biliaire ou faux
kyste pancréatique
Ligature élastique de varices oesophagiennes *
Colonoscopie **
Optionnelle Non recommandée
Ponction à l’aiguille fine guidée par échographie
Gastroscopie
Biopsie hépatique
Non recommandée
* en dehors du traitement hémostatique en urgence
**possibilité de réaliser l’antibioprophylaxie après le début du geste si découverte d’une néoformation avec réalisation de biopsie, polypectomie, ou de mucosectomie*** ou en cas d’examen difficile
***absence complète de données sur le risque de bactériémie après mucosectomie
3.3 Gestes à visée urologique
Antibioprophylaxie
Groupe A Groupe B
Ablation de sonde posée lors d’un acte chirurgical urologique
urines infectées*
Recommandée*
Résection prostatique trans-uréthrale
urines stériles
Biopsie prostatique**
Dilatation uréthrale
Recommandée Optionnelle
Lithotritie extra-corporelle
Optionnelle Non recommandée
Cathétérisme urétral
Cystoscopie***
Ablation de sonde posée lors d’un acte chirurgical urologique
urines stériles
Non recommandée
Résection prostatique trans-uréthrale :
urines infectées*
Actes contre-indiqués
(Groupe A et B)
* Le choix de l’antibiotique est guidé par les résultats de l’examen cytobactériologique des urines et de l’antibiogramme
** Systématiquement précédée par un lavement rectal
*** geste contre indiqué en cas d’urines infectées, antibioprophylaxie si biopsie, patient du groupe A
Ces recommandations ne remettent pas en questions celles concernant l’antibioprophylaxie pré-opératoire des gestes chirurgicaux
3.4
Gestes concernant la sphère gynéco-obstétricale
Antibioprophylaxie
Groupe A Groupe B
Accouchement par voie basse
Optionnelle* Non recommandée
Césarienne**
Biopsie cervicale ou endométriale
Curetage
Non recommandée
Stérilet
Actes contre-indiqués
(Groupe A et B)
* en cas de rupture prématurée de la poche des eaux et travail débuté plus de 6 heures avant l’admission
** Suivre les recommandations de la SFAR pour la population générale
Ces recommandations ne remettent pas en questions celles concernant l’antibioprophylaxie pré-opératoire des gestes chirurgicaux
3.5 Gestes à visée cardiaque
Antibioprophylaxie
Groupe A
Groupe B
Echographie trans-oesophagienne
Ballon de contre pulsion intra-aortique
Angioplastie coronaire percutanée avec ou sans endoprothèse
Non recommandée
3.6
Gestes et procédures concernant la sphère cutanée
Antibioprophylaxie
Groupe A
Groupe B
Traitement instrumental des furoncles
Recommandée
Excision de lésions cutanées ulcérées ou non ulcérées
Optionnelle
Président de la SPILF
J.L. Vildé (Paris)
Bureau des consensus et des recommandations de la SPILF
Coordinateur
: C. Chidiac (Lyon)
Membres du bureau : B. Byl (Bruxelles), P. Choutet (Tours), C. Leport (Paris), J. Luciani (Coligny), C. Perronne (Paris), P. Pothier (Dijon), B. Quinet (Paris), C.J. Soussy (Paris), J.P. Stahl (Grenoble), P. Weinbreck (Limoges)
Comité d'organisation
Président :
C. Leport
CH Bichat Claude Bernard, Service de Maladies Infectieuses et Tropicales
46, rue Henri Huchard, 75877 Paris cedex 18
email : catherine.leport@bch.ap-hop-paris.fr
Membres du comité d'organisation
P. Dosquet ANAES Paris
J. Etienne Microbiologie Lyon
A. Feki Chirurgie Dentaire Strasbourg
C. Gibert Réanimation médicale Paris
P.L. Michel Cardiologie Paris
Groupe de travail
Président du groupe de travail :
N. Danchin
CHUE Georges Pompidou, Service de Cardiologie
20, rue Leblanc, 75015 Paris
email : nicolas.danchin@egp.ap-hop-paris.fr
Chargés de Projet :
Xavier Duval
CH Bichat Claude Bernard, Service de Maladies Infectieuses et Tropicales
46, rue Henri Huchard, 75877 Paris cedex 18
email : xavier.duval@bch.ap-hop-paris.fr
Éric Brochet
CH Bichat Claude Bernard, Service de Cardiologie
46, rue Henri Huchard, Paris cedex 18
email : eric.brochet@bch.ap-hop-paris.fr
Membres du groupe de travail
A. Andremont Microbiologie Paris
G. Carlier Médecine générale Reims
D. Christmann Maladies infectieuses et tropicales Strasbourg
A. Courillon-Mallet Gastro-entérologue Villeneuve-St-Georges
F. Delahaye Cardiologie Lyon
P. Ducimetière Épidémiologie Villejuif
P. Mathieu Chirurgie cardiaque Nancy
D. Pichelin Odontologie Paris
V. Ravery Urologie Paris
C. Schabel Médecine générale Chinon
M. Sixou Odontologie Toulouse
Experts
A. Bouvet Microbiologie Paris
S. Briançon Épidémiologie Nancy
J.P. Chairay Parodontologie Paris
A.C. Crémieux DGS - Cellule d'Appui Scientifique Paris
Y. Domart Réanimation Compiègne
G. Habib Cardiologie Marseille
B. Hoen Maladies Infectieuses et Tropicales Besançon
O. Leroy Réanimation médicale et Tourcoing
Maladies infectieuses et tropicales
P. Moreillon Microbiologie Lausanne (Suisse)
J.P. Ragot Stomatologie et Paris
Chirurgie maxillo-faciale
P. Ravaud Épidémiologie Paris
Y. Roche Odontologie Paris
BL. Strom Épidémiologie et Biostatistiques Philadelphia (USA)
D. Thomas Cardiologie Paris
J.T.M. Van der Meer Médecine interne et
maladies Infectieuses Amsterdam (Pays-Bas)
P. Voiriot Cardiologie Nancy
Comité de lecture
C. Acar Cardiologie Paris
E. Aliot Cardiologie Nancy
JY Artigou Cardiologie Bobigny
C. Auboyer Anesthésie-Réanimation Saint-Etienne
O. Aumaître Médecine interne Clermont-Ferrand
J.F. Aupetit Cardiologie Lyon
C. Avierinos Cardiologie Paris
Y. Bacq Gastro-enterologie Tours
J P. Bassand Cardiologie Besançon
P. Bastien Conseil scientifique de l'ANAES Gérardmer
O. Patey Maladies Infectieuses Villeneuve-St-Georges
D. Peyramond Maladies Infectieuses Lyon
Y. Piémont Microbiologie Strasbourg
J. Ponsonnaille Cardiologie Clermont-Ferrand
G. Potel Urgences Nantes
A. Prat Chirurgie cardio-vasculaireLille
J. Puel Cardiologie Toulouse
B. Quinet Pédiatrie Paris
JP Ragot Stomatologie et Paris
Chirurgie maxillo-faciale
P. Raynaud Cardiologie Semblançay
M.N. René Épidémiologie-Prévention Paris
R. Roué Maladies Infectieuses Saint-Mandé
D. Salmon-Céron Maladies Infectieuses Paris
J. Samson Médecine dentaire Genève, Suisse
JB Sautron Médecine générale Bagnols-en-Forêt
R. Slama Cardiologie Paris
JP. Stahl Maladies Infectieuses Grenoble
P. Terestri Odontologie Nice
D. Thomas Cardiologie Paris
F. Trémolières Maladies Infectieuses Mantes la Jolie
A. Vahanian Cardiologie Paris
F. Vandenesch Microbiologie Bron
D. Viennet Odontologie Nancy
JL Vildé Maladies Infectieuses Paris
JP Villemot Chirurgie cardio-vasculaire Nancy
J. Wagner-Ballon Médecine générale Tours
P. Weinbreck Maladies Infectieuses Limoges
E. Wolf Cardiologie Dijon
L'organisation de cette conférence est rendue possible grâce à l'aide apportée par les laboratoires suivants que la SPILF tient à remercier : Abbott, Aventis, Aventis Pasteur MSD, Bayer Pharma, Bristol-Myers Squibb, Grünenthal, Merck Sharp & Dohme-Chibret, Pfizer, Roche, Wyeth Lederlé.
Les informations présentées sur ce site, sont fournies à titre indicatif, visent à améliorer la relation patient-médecin et ne représentent en aucun cas une recommandation de traitement qui ne peut être réalisée que par un Médecin après une consultation médicale. Aucun avis médical ne sera donné en ligne.