Embryologie du coeur
Faq
1 - Premiers stades : la vasculogénèse
Faq 2 - Developpement du coeur proprement dit
Faq 3 - Aspects
échographiques de l'échographie cardiaque
Faq 4 - Types de spectres Doppler que l'on peut
identifier au cours du premier trimestre de la grossesse
Introduction
:
Si l'anatomie cardiaque
définitive est loin d'être aussi complexe que celle des autres grands
systèmes, son importance dans les différentes étapes du développement
de l'embryon puis du fœtus lui confère un rôle tout à fait particulier.
Constitué essentiellement de tissus musculaires striés, il montre quelques
structures fibreuses de soutien ou indispensables à sa fonction hémodynamique
et enfin un système de conduction interne nerveux dont le rôle est d'harmoniser
séquentiellement les activités motrices de ses différentes parties. A
la différence du système rénal, des poumons, du cerveau dont l'activité
au cours de la vie intra-utérine a une importance non vitale, le cœur,
dès l'apparition des premières ébauches, joue un rôle indispensable au
développement du fœtus. Il s'agit donc d'un organe qui, même lorsque sa
morphologie n'est pas encore établie, est obligé de fournir un rendement
indispensable à l'économie fœtale.
Faq
1 - Premiers stades : la vasculogénèse
C'est
au cours de la troisième semaine de vie, à peu près au jour 17, que l'on
voit, dans la vésicule vitelline, l'apparition d'îlots sanguins qui montrent
d'emblée l'existence de 2 types cellulaires : les hémoblastes embryonnaires
qui sont à l'origine des cellules hématopoïétiques et d'autre part des cellules
périphériques de type endothélial qui sont aplaties. Ces îlots s'allongent,
tentent à confluer et se rejoignent d'un à l'autre pour former un réseau
vasculaire initial. A la fin de la troisième semaine, ce réseau a complètement
envahi la vésicule vitelline pour se connecter aux structures intra-embryonnaires
et aux villosités choriales qui sont en train de se développer. Dans l'embryon
lui-même, c'est à peu près un jour plus tard, c'est-à-dire vers le 18ème
jour de vie, que l'on met en évidence l'existence d'angioblastes au sein
du mésoblaste. Ces angioblastes sont probablement induits par des substances
secrétées par l'endoblaste sous-jacent et forment des cordons angioblastiques.
Ceux-ci se développent à travers le disque embryonnaire et s'assemblent
pour former un réseau qui grandit et s'étend à travers l'embryon par trois
processus : formation continue et fusion de ces angioblastes transformés
en angiocytes, bourgeonnement et émission de nouveaux vaisseaux à partir
de ces cordons angioblastiques primitif : c'est l'angiogénèse. L'interposition
de cellules mésoblastiques additionnelles dans les parois des vaisseaux
qui sont en train de se former et leur passage intraluminal constituent
l'hématopoïèse. Lors de la plicature de l'embryon, lorsque celui-ci va prendre
une structure tridimensionnelle, ces vaisseaux néoformés vont bien évidemment
suivre le mouvement et se retrouver dans les faces latérales puis ventrales
de l'embryon. Les principaux vont se définir dans la partie antérieure de
l'embryon, au sein des arcs branchiaux, faisant la liaison entre l'émergence
des tissus et des vaisseaux qui vont constituer le cœur et les vaisseaux
dorsaux qui confluent en aortes dorsales symétriques.
Fig 1 : Plicature céphalo-caudale de l’embryon. La zone cardiogénique, initialement située devant la membrane pharyngée, se place devant l’intestin primitif en refoulant vers l’arrière et en rétrécissant le collet de la vésicule vitelline II (Pansky, Eds Ellipses).
Faq
2 -
DEVELOPPEMENT DU CŒUR PROPREMENT DIT
A. Constitution
du tube cardiaque
Au jour
19, une paire d'éléments vasculaires (les tubes endocardiques) se voient
dans la région cardiogène. Il s'agit d'une zone de mésoblaste qui est située
cranialement et latéralement à la plaque neurale du tissu embryonnaire.
L'ébauche cardiaque se trouve donc dans les tous premiers stades du développement
embryonnaire localisée devant la plaque neurale et la membrane bucco-pharyngée.
A la fin de la troisième semaine, les courbures céphalique et latérale de
l'embryon vont amener les tubes endocardiques latéraux dans la région thoracique
par le basculement complet de la région située devant la membrane bucco-pharyngée.
Le phénomène d'enroulement latéral de l'embryon provoque un adossement de
ces structures, initialement en fer à cheval, qui vont fusionner en un tube
cardiaque primitif :
Fig 2 : Enroulement latéral de l’embryon. Les ébauches cardiaques sont amenées en position ventrale et repoussées l’une vers l’autre (Larsen, Eds de Boeck).
Cette fusion et la
disparition de la cloison résultent, bien sûr, d'un phénomène d'apoptose.
Fig 3 : Fusion des tubes cardiaques par apoptose des cloisons médianes (Larsen, Eds de Boeck)
Ce
mouvement de bascule entraîne avec lui les vaisseaux tant efférents qu'afférents
à ce tube cardiaque. Les extrémités craniales des aortes dorsales sont attirées
ventralement jusqu'à constituer une anse dorso-ventrale constituant le premier
arc aortique. Une série de cinq arcs aortiques supplémentaires se mettra
en place au cours des 4ème et 5ème semaine en même temps que vont se développer
les arcs pharyngiens. La circulation afférente au tube cardiaque est initialement
assurée par six vaisseaux : trois de chaque côté. Le sang veineux du corps
de l'embryon va retourner vers le cœur par une paire de troncs courts :
les veines cardinales communes qui résultent de la confluence des vaisseaux
venant de la partie céphalique et de la partie caudale de l'embryon : ce
sont les veines cardinales antérieures et postérieures. Deux veines rassemblent
le sang provenant de la vésicule vitelline : il s'agit de veines vitellines
et enfin deux autres proviennent du cordon ombilical : ce sont les veines
ombilicales. Au jour 21, une série de constrictions (sillons) et de dilatations
apparaissent au niveau de ce tube cardiaque primitif.Ces dilatations vont
contribuer à la formation des différentes cavités du cœur. En commençant
par l'extrémité inférieure, c'est-à-dire le pôle des afférences, il y a
le sinus veineux qui est constitué par la fusion partielle des cornes sinusales
droites et gauches résultant de l'abouchement des veines cardinales communes.
Si l'on va vers l'avant, vers le pôle cranial, on va trouver d'abord l'oreillette
primitive puis le ventricule. Ces deux dilatations sont séparées par un
sillon : le sillon auriculo-ventriculaire. Après le ventricule, on trouve
une nouvelle constriction suivie par une dilatation : le bulbe du cœur et
le sillon bulbo-ventriculaire. Si l'on envisage le devenir de ces différentes
structures, le bulbe, dans sa partie inférieure, va donner le ventricule
droit tandis que le ventricule primitif donnera le ventricule gauche. C'est
pour cette raison que ce sillon bulbo-ventriculaire peut être aussi appelé
sillon inter-ventriculaire. Encore plus cranialement, une dernière dilatation
se définit et formera le segment distal et les voies efférentes des ventricules
cardiaques. Il s'agit là du cône et du tronc artériels en communication
avec le sac aortique à partir duquel vont se définir les vaisseaux transitant
par les arcs branchiaux.
1.
Structure du tube cardiaque primitif
A l'origine,
le tube cardiaque primitif n'est constitué que d'un endothélium. N'oublions
pas qu'il s'agit d'une structure vasculaire identique à toutes les autres
qui se définissent à ce moment là dans l'embryon.Très tôt cependant, dès
le jour 22, une épaisse masse de mésoblaste vient se disposer autour du
tube cardiaque et se différentie en deux couches : le myocarde ou muscle
cardiaque et la gelée cardiaque. Il s'agit d'un épais manteau acellulaire
secrété par le myocarde en voie de développement et disposé de manière à
séparer cette couche externe myocardique du tube endocardique primitif.
Cette gelée cardiaque semble remplir un rôle mécanique prépondérant lors
des premiers moments de l'activité cardiaque.
En effet, l'existence d'une zone amorphe, peu compressible,
organisée en manchon glissé entre les premières cellules contractiles et
le recouvrement interne de la lumière du tube cardiaque produit un effet
démultiplicateur de la contraction des premières cellules myocardiques.
Un faible raccourcissement de cette portion périphérique contractile entraîne
une disparition quasi complète de la lumière du tube. Enfin, va apparaître
l'épicarde qui est le péricarde viscéral, il est constitué par une population
de cellules mésothéliales dérivées du mésoblaste avoisinant et qui migrent
à partir de la portion caudale vers la portion céphalique du cœur. Leur
origine est vraisemblablement localisée dans le septum transversum ou dans
la région qui entoure le sinus veineux.
2. Inflexion
et courbure du cœur
Au
jour 23, le tube cardiaque commence à s'allonger et, simultanément, il va
s'infléchir et se courber.L'oreillette primitive va remonter en arrière
vers la partie céphalique de l'embryon. Par contre, le bulbe du cœur est
déplacé vers le bas ventralement et à droite, tandis que le ventricule va
se positionner plutôt à gauche
Fig 4 : Plicature du tube cardiaque vu de l’avant. Le sinus veineux et les veines cardinales sont en bleu. Positionnement en S (de droite à gauche).
On trouve
donc, dans une configuration en "S", où les vaisseaux afférents au cœur
qui s'organise se trouvent déplacés vers l'arrière et vers le haut, confluant
dans l'oreillette primitive, communiquant avec le ventricule primitif, se
déplaçant vers la gauche et vers le bas. Ce ventricule primitif coudé communique
avec le bulbe qui se trouve en avant de l'embryon et à droite, le cône du
cœur positionné sur la partie ventrale et revenant vers la région médiane
de l'embryon
Fig 5 : Cœur vu de l’arrière, l’oreillette a été enlevée, le canal auriculo-ventriculaire est unique
A ce
moment-là, il commence à s'appuyer sur la face antérieure de l'oreillette
primitive, il la déforme, sa forme devient allongée transversalement avec
un rétrécissement médian. On ne connaît pas encore le mécanisme déterminant
de cette inflexion du tube cardiaque. Classiquement, on a envisagé de donner
un rôle important au feuillet péricardique primitif. Cette cavité entourant
le cœur et fixée à ses deux extrémités aurait eu pour rôle d'empêcher une
croissance longiligne de ce tube cardiaque et le forçant ainsi à se couder.
Cela ne semble pas être le cas. En effet, des cœurs excisés chez des animaux
d'expérience et mis en culture ont montré la même habilité intrinsèque sans
péricarde à s'infléchir. D'autres études ont suggéré que le degré d'hydratation
de la gelée cardiaque pourrait contrôler ce processus mais les digestions
enzymatiques de cette gelée n'ont pas modifié l'organisation définitive
du cœur. Certains ont envisagé le rôle de l'hémodynamique cardiaque : des
cœurs mis en culture sans circulation subissent aussi une inflexion correcte.
Il s'agit donc vraisemblablement de processus géniques qui se démasquent
localement en certains endroits du tube cardiaque provoquant des croissances
différentielles extrêmement régulées. Le résultat de cette inflexion est
donc d'amener les quatre cavités présomptives du futur cœur dans leur rapport
mutuel correct. Le reste du développement du cœur consistera simplement
en un remaniement de ces cavités et à l'apparition, entre elles, de septa
et de valves.
3. Premiers
battements cardiaques
Le
cœur commence à battre au jour 22. Il s'agit, à ce moment, d'une contraction
péristaltique commençant dans la région du sinus veineux et se dirigeant
vers le cône artériel. Le nombre de fibres musculaires étant extrêmement
réduit, la force développée est vraisemblablement extrêmement faible. La
faible amplitude des mouvements contractiles que l'on peut déceler, dès
ce moment en échographie, est amplifiée par la présence de la gelée cardiaque
qui, obstruant localement la lumière vasculaire, provoque un effet identique
à celui que l'on peut voir dans les pompes à galet régulièrement utilisées
en circulation intracorporéale.
4. Evolution
du retour veineux
Initialement,
le retour veineux s'effectue par les cornes droite et gauche du sinus où
débouchent les veines cardinales communes dont les afférentes ont déjà été
décrites. Cependant, au cours des semaines qui vont suivre, ce système est
remanié de telle sorte que le sang retourne, par l'intermédiaire des veines
caves supérieure et inférieure, dans la corne droite du sinus. La corne
gauche du sinus cesse de se développer. Elle va se transformer en un petit
sac veineux disposé au niveau de la paroi postérieure du cœur : c'est l'origine
du sinus coronaire et de la petite veine oblique de l'oreillette gauche.
Par contre, la corne droite et les veines caves vont progressivement augmenter
leur dimension, le côté droit du sinus veineux va s'incorporer dans la partie
droite de la paroi postérieure de l'oreillette qui, par son développement,
va devenir de plus en plus ventrale et droite.
B. Cloisonnement
des oreillettes
La première
étape de la séparation de circulation systémique et pulmonaire correspond
au cloisonnement partiel des oreillettes et à la division du canal atrio-ventriculaire
en deux portions : une droite et une gauche. Le septum inter-auriculaire
de l'adulte résulte de la fusion de deux septa : le septum primum et le
septum secundum. Chacun de ceux-ci est muni d'une large ouverture qui permet
le shunt de droite à gauche du sang pendant la gestation. Ce cloisonnement
auriculaire commence autour du jour 26. Les deux mécanismes sont étroitement
impliqués : cloisonnement du canal auriculo-ventriculaire et cloisonnement
de l'oreillette proprement dit.
1. Cloisonnement
du canal auriculo-ventriculaire
Le canal
auriculo-ventriculaire primitif, nous l'avons déjà signalé plus haut, prend
une forme allongée de droite à gauche due au positionnement du cône artériel
sur sa partie antérieure. A cet endroit, des bourrelets endocardiques vont
se développer. Les plus importants sont les bourrelets endocardiques inférieur
et supérieur .Les deux autres, droit et gauche, sont moins fondamentaux
dans l'organisation du cœur. Ces bourrelets endocardiques, antérieur et
supérieur, vont fusionner très rapidement pour créer deux canaux auriculo-ventriculaires,
l'un droit et l'autre gauche.
2. Formation
du septum inter-auriculaire
Il
est en fait constitué de deux septa. Au jour 28, un croissant tissulaire
partant de la paroi supéro-postérieure de l'oreillette primitive commence
à se développer. Il se dirige en direction caudale vers le canal atrio-ventriculaire
séparant graduellement les futures oreillettes droite et gauche. Il a une
forme en croissant. Il s'agit du septum primumL'ouverture résiduelle entre
les deux oreillettes se rétrécit donc progressivement au fur et à mesure
de la croissance de ce septum primum vers les bourrelets endocardiques qui
ont fusionné. L'ouverture inter-auriculaire se rétrécit progressivement,
elle s'appelle ostium primum
Fig 6 : Cloisonnement de l’oreillette primitive avec formation de la valve de Vienssens (Septum Primum) et du trou de Bobal (Septum Secundum) (Pansky).
Avant l'occlusion complète de l'ostium primum, par confluence du septum
primum avec les bourrelets endocardiques fusionnés, un phénomène d'apoptose
se manifeste dans la région supérieure du septum primum. Il en résulte l'apparition
de petites perforations qui vont confluer et constituer un deuxième orifice
: l'ostium secundum. Donc, avant que ne se ferme le premier shunt, un deuxième
va se mettre en place. Légèrement plus tard, mais presque simultanément,
une deuxième arête se manifeste dans la partie supérieure de l'oreillette
droite : c'est l'ébauche du septum secundum. Ce septum secundum glisse le
long du septum primum sur son versant droit et se dirige vers les bourrelets
endocardiques inférieur et supérieur. Le bord libre de ce septum secundum
a aussi une forme de croissant. Il est plus épais que le septum primum et
s'arrête avant d'atteindre le plancher de l'oreillette droite laissant une
ouverture : le foramen ovale. Anatomiquement, le septum secundum est donc
beaucoup plus rigide et résistant que le septum primum. Le foramen ovale
se positionne en face de l'émergence du sang provenant de la veine cave
inférieure, celui-ci étant guidé par éperon localisé à la partie inférieure
de son abouchement dans l'oreillette droite (valvule d'Eustache) dirigeant
le flux sanguin vers le shunt inter-auriculaire.
C. Cloisonnement
des ventricules
Il
est synchrone de la formation des valves atrio-ventriculaires et de la séparation
des voies déférentes. C'est à la fin de la quatrième semaine que la partie
inférieure du sillon bulbo-ventriculaire commence à faire saillie dans la
lumière cardiaque. La croissance de ce septum musculaire inter-ventriculaire
s'arrête au milieu de la septième semaine avant que son bord libre ne rencontre
les bourrelets endocardiques intra-auriculaires fusionnés
Fig 7 : Vue par l’avant, parois ventriculaires, bulbaire et troncale antérieures enlevées. Déplacement progressif du canal atrio-ventriculaire vers la droite et apparition du septum musculaire interventriculaire (Larsen).
arrêt de la croissance est crucial : si la fusion vient à se produire trop
tôt, le ventricule gauche sera coupé de sa voie d'évacuation. Au moment
où le septum musculaire inter-ventriculaire cesse de grandir, les deux ventricules
communiquent entre eux par un foramen inter-ventriculaire ainsi que par
la base élargie du cône du cœur. Une séparation plus poussée des ventricules
et de la voie d'émergence doit se faire en étroite coordination pour assurer
le fonctionnement correct du cœur. Il n'est donc pas surprenant qu'une forte
proportion d'anomalies cardiaques résulte d'erreurs dans ce processus complexe.
La voie d'émergence du cœur est partagée en deux par des bourrelets ou crêtes
qui se développent à partir des parois opposées du cône du cœur et du tronc
artériel pour se rencontrer au centre de ceux-ci. Ces bourrelets apparaissent
après que le sixième arc aortique ait été constitué, il se développe de
l'aval vers l'amont, toujours l'un en face de l'autre; leur point d'insertiona
une forme hélicoïdale au fur et à mesure de leur croissance vers l'étage
ventriculaire
Fig 8 : Mise en place des bourrelets aortico-pulmonaires et séparation des voies d’éjection (Pansky).
Ces
bourrelets aortico-pulmonaires, au départ épais vont très rapidement s'affiner
pour diviser le cône artériel en deux vaisseaux enroulés l'un vis à vis
de l'autre : l'aorte et l'artère pulmonaire. La partie inférieure de ces
bourrelets aortico-pulmonaires va venir s'implanter sur le septum inter-ventriculaire
et combler ainsi l'orifice inter-ventriculaire résiduel, positionnant de
façon définitive l'aorte à partir du ventricule gauche et l'artère pulmonaire
à partir du ventricule droit.
D. Formation des
valves
Les
valves atrio-ventriculaires commencent à se former entre la 5 et la 8ème
semaine. Il s'agit d'excroissances musculo-tendineuses issues du myocarde
ventriculaire. La valve de droite présentera trois feuillets tandis que
la valve gauche n'en présentera que deux. Au niveau du tronc artériel, on
constate qu'après le cloisonnement, chaque voie d'évacuation contient trois
tubercules disposés en triangle : deux proviennent du partage des tubercules
latéraux et le troisième s'est développé soit sur la paroi antérieure soit
sur la paroi postérieure du tronc. Ces tubercules sont à l'origine des trois
cuspides des valves semi-lunaires aortiques et pulmonaires. L'ensemble du
système cardiaque est terminé à 9 semaines de vie.
E.
Système de stimulation et de conduction cardiaque
Les
premières contractions cardiaques sont dues à une activité myogène. Elles
prennent naissance spontanément par la partie auriculaire primitive du tube
cardiaque et se propagent de cellules en cellules. Le nœud sino-atrial se
met en place le premier, il est situé dans la partie droite de l'oreillette
primitive près du sinus veineux droit. Très rapidement, les cellules du
bourgeon endocardique supérieur se mettent à former un second centre de
stimulation : le nœud atrio-ventriculaire. Sa constitution va s'accompagner
de la position d'un faisceau de cellules spécialisées dans la conduction
: le faisceau de Lisse qui va propager les influx d'un septum inter-ventriculaire
avant de bifurquer sur la crête septale en une branche pour le ventricule
droit et une autre pour le ventricule gauche.
Faq 3 -
Aspects échographiques de l'échographie cardiaque
Au
jour 22, lorsque les premiers battements cardiaques apparaissent, le flux
est d'emblée directionnel. Cette transmission péristaltique de la contraction
est mise en évidence par l'utilisation de Doppler à haute sensibilité. Lors
de l'information dynamique fournie par l'imagerie en Doppler couleur dans
l'exploration de l'embryon et de son système cardiaque, il est possible
en étudiant le spectre Doppler des flux issus de la région cardiaque d'approcher,
en quelque sorte, la construction anatomique du cœur et la définition fonctionnelle
des valves .
Faq
4 -
Types de spectres doppler que l'on peut identifier au cours du premier trimestre
de la grossesse
En observant 52 embryons
de grossesses normales dont les longueurs céphalo-caudales allaient de 3.6
mm à 60 mm.
Le
type 1 est observé chez des embryons entre 3 et 8 mm de CRL et caractérisé
par la détection d'un flux d'éjection unique. Ce flux d'éjection est orienté
dans une seule direction et est séparé par une période de silence Doppler.
Le
type 2 est observé chez des embryons entre 8 et 28 mm de CRL et caractérisé
par la persistance de ce flux d'éjection et aussi par un autre flux de remplissage.
Ce flux de remplissage a une direction opposée à celui de l'éjection; il
a une vélocité proportionnellement plus haute que le flux d'éjection et
apparaît comme un flux à pic unique.
Le
type 3 est observé chez des embryons de plus de 28 mm de CRL. Un double
pic de remplissage apparaît. Le second pic (contribution auriculaire et
onde A sur le tracé Doppler) apparaît comme ayant une vélocité significativement
plus haute que le premier (remplissage passif et onde E sur le tracé Doppler).
Le flux d'éjection reste, bien entendu, toujours observable.
Ce complexe auriculo-ventriculaire est d'autant plus marqué que l'embryon
vieillit. Le type 1 fut trouvé chez 13 embryons, entre 3 et 8 mm de CRL;
le type 2 est observé chez 21 embryons entre 9 et 30 mm de CRL; le type
3 chez 18 embryons entre 28 et 60 mm de CRL
Fig 9 : Schéma des types de spectres doppler identifiés au cours du premier trimestre de la grossesse.
Cette évolution dynamique, mise en évidence par l'étude des flux intra-cardiaques
au cours de le période embryonnaire, permet d'approcher, in vivo, la constitution
de l'architecture cardiaque en partant de la contraction globale péristaltique
du tube cardiaque en passant par l'apparition de valves à compétence incomplète
et remplissage ventriculaire passif, faible pour en arriver à la visualisation
claire des flux de type définitif dans le cœur des fœtus âgés de plus de
10 semaines d'aménorrhée. La fréquence cardiaque évolue au cours de la vie
embryonnaire. Pendant la période initiale (type 1), elle est basse, constamment
en dessous de 100 bpm. L'apparition du type 2 coïncide avec une accélération
brutale de la fréquence, la plaçant très vite à un rythme supérieur à 120
(7 semaines) pour se situer, entre 8 et 12 semaines, à une fréquence de
plus de 150 bpm. Dès le premier trimestre, un rythme inférieur à 100 bpm
doit donc faire suspecter un trouble dans le système de conduction indispensable
dès le cloisonnement auriculo-ventriculaire.
Un grand merci au Prof. Henri-Jean Philippe pour ce cours et pour son aimable autorisation.
Unité de Technologie de l'Information et de la Communication pour l'Enseignement en Médecine (TICEM)
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